Le corrigé de l’épreuve de littérature série L
ZAZIE DANS LE METRO
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ZAZIE DANS LE METRO



1 - En quoi le roman et le film, Zazie dans le métro, peuvent-ils être perçus comme la découverte d’un nouveau monde ?

2 - « Tu causes, tu causes, c’est tout ce que tu sais faire. » En quoi cette phrase éclaire-t-elle votre compréhension du roman et du film Zazie dans le métro ?






REMARQUES GLOBALES


Du point de vue de la forme :


            - votre devoir doit développer les deux réponses séparément.

            - chaque réponse contient : une introduction (présentation de l’œuvre et de son contexte, du sujet et annonce du plan), un développement organisé en grandes et sous-parties, une conclusion qui répond à la question posée.


Du point de vue de la méthode, il fallait :


    - justifier chaque idée par une référence précise au texte ou une citation.

    - ne pas paraphraser les œuvres : ne pas réciter son cours ou relater l’intrigue mais sélectionner uniquement les éléments qui répondent à la question.


CORRECTION DETAILLEE DE LA 1ERE QUESTION


En quoi le roman et le film, Zazie dans le métro, peuvent-ils être perçus comme la découverte d’un nouveau monde ?


Analyse du sujet et des mots clés :


- « découverte » : implique les notions de voyage, surprise, conquête, initiation, apprentissage, révélation, trouvaille…


Les problématiques suivantes en découlent : en quoi le livre et le film bouleversent-ils notre conception du monde ? La conception du monde selon Zazie évolue-t-elle ?


- « nouveau monde » : discuter l’adjectif « nouveau », quel sens lui donner ? Ce la signifierait que le monde du roman et du film s’éloigne du monde réel. Sur quels plans ?

    Monde extérieur / intérieur.


Pièges à éviter :


    - séparer l’analyse du roman et du film : il fallait montrer en quoi ils étaient différents mais complémentaires sur ce point !

    - Ne pas se limiter à la compréhension littérale de l’intrigue : Zazie une provinciale qui découvre Paris. Il faut approfondir l’interprétation.


Plan possible :


(RE)DECOUVRIR PARIS : UNE VISION PARTICULIERE DU MONDE EXTERIEUR


Une provinciale à Paris


    - décalage comique

    - clichés attendus : la foule, les bouchons, le métro et la grève.

    - la tour Eiffel : élément central de Paris et du roman


Un Paris parodique


- limité aux monuments et au métro : vision réductrice. Dimension critique : Paris n'est pas ce que le touriste voit comme le souligne le guide Fédor : « Pauvres innocents qui croient que c'est ça, Paris! ».

- Gabriel = un « archiguide » incapable de restituer le nom des monuments ce qui peut montrer le côté artificiel du tourisme.

- Louis Malle refuse de filmer la Tour Eiffel de façon traditionnelle : pas de plan d'ensemble mais des visions parcellaires du monument. Les cadrages surprennent le spectateur qui n'a pas l'habitude de voir la ville et ses monuments sous ces angles originaux.


Un itinéraire surprenant : la découverte d'un Paris peu recommandable...


En dehors de la visite conventionnelle, les lieux visités sont inappropriés pour une petite fille = elle découvre un autre monde auquel elle n'appartient pas, celui des adultes : le marché aux puces (commerce), le bistrot de Turandot, la boîte de strip-tease de son oncle.

Le lecteur aussi découvre des aspects inattendus de la ville.


LA DECOUVERTE D'UN MONDE INTERIEUR : LE REVE


Un Paris fictif


- Queneau réinvente et déplace les lieux dans un Paris fictif.

- L.Malle : la Tour Eiffel = un phare. Effets de trompe l'oeil : jeux avec des personnages suspendus dans le vide. Il ne s'agit plus du monde réel mais d'un monde imaginaire qui obéit à des lois qui lui sont propres. // Violoniste qui joue d'un violon imaginaire au marché aux puces.


Un monde déréalisé et sans repères


- La confusion des genres : les repères disparaissent. Les changements d'identité des personnages : l'oncle Gabriel / la danseuse Gabriella, Marceline qui devient Marcel à la dernière page (nommée Albertine dans le film) et le roi du travestissement : Trouscaillon = Aroun Arachide = Bertin Poirée...

- Eclatement constant : un monde flou et changeant d'où le jeu des miroirs dans le film.


Un rêve = une découverte de soi et de ses pulsions intérieures


    - certains éléments donnent l'impression que l'intrigue n'est qu'un songe, d'où les incohérences. Zazie s'endort / se réveille.

    - Le roman se rapproche du conte : appartement de Gabriel = « maison de la belle au bois dormant ».


Le film vire au cartoon avec la course-poursuite.


    Découverte de la sexualité et du monde adulte : « hormosessuel », noms scabreux (Jeanne Lalochère).

    Le problème philosophique de l'identité : qui suis-je ?


Parodie du monologue d'Hamlet par Gabriel.

Questionnement de l'identité sexuelle.


Le métro = symbole de ce monde sous-terrain de l'homme que le roman et le film invitent à sonder. Jeanne a évolué dans sa perception du monde comme le montre sa réplique finale : « J'ai vieilli » et non « J'ai grandi » comme le dirait un enfant. Elle s'est en partie approprié ce monde inconnu des adultes. Elle a été initiée. = un roman d'apprentissage dont la formation passe par le voyage et l'errance dans ce milieu hostile qu'est Paris.


 


CORRECTION DETAILLEE DE LA 2E QUESTION


« Tu causes, tu causes, c’est tout ce que tu sais faire. » En quoi cette phrase éclaire-t-elle votre


compréhension du roman et du film Zazie dans le métro ?


 


Analyse du sujet et des mots clés :


« tu causes » : vocabulaire dépréciatif = parler pour ne rien dire, verbiage sans intérêt.


« c'est tout ce que tu sais faire » : restriction qui enferme le personnage dans la sphère du verbal. Inactif. Anti-héros incapable d'agir ? A discuter !


Pièges à éviter :


    séparer l'analyse du roman et du film : il fallait montrer en quoi ils étaient différents mais complémentaires sur ce point !

    analyser les limites du langage mais aussi ses potentialités (démultipliées par l'écriture de Queneau). Lien à questionner : langage – action.


 


LE LANGAGE STERILE OU L'INACTION


Vision pessimiste et mécanique de l'homme


    Personnages = des fantoches qui récitent des textes tout prêts.

    Répétitions dans le roman qui parasitent l'action :


La rengaine du perroquet Laverdure « Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire » est un refrain qui revient une vingtaine de fois dans le roman et suggère au lecteur que l'intrigue n'avance pas !

La clausule « mon cul » employée par Zazie qui lui permet de nier le monde qui l'entoure.


    Toutefois, les répétitions dans le film se situent plus du côté visuel : duplication des personnages, superpositions de plans quasi-similaires.

    Tour Eiffel = Babel avec ses hordes de touristes : langues « forestières ».

    // film : l'ascenseur de la Tour Eiffel est  rempli d'étrangers en costumes pittoresques et la bande-son mêlant tous les dialectes est inaudible ! Cela stigmatise l'impuissance du langage (« c'est tout ce que tu sais faire ») et l'échec de la communication. Dimension tragique de la condition humaine : pas d'échappatoire.


Critique du pédantisme et du manque d'originalité


    - raillerie de l'emploi pompeux de l'imparfait du subjonctif avec un barbarisme « admirassassions » dans le roman.

    - ton caustique et effronté de Zazie dans le film. Amplifié par la mine boudeuse et les regards interrogateurs.

    - Parodies dans le roman : les monologues de Gabriel = Hamlet...

    - Parodies de films célèbres dans le film ( Interprétation : on ne créé rien ex nihilo, l'artiste transforme ce qui existe déjà et redit autrement ce qui a déjà été  dit.

    - L'oeuvre d'art = une vaste citation. La parole n'est qu'un emprunt à autrui.


 


LE LANGAGE CREATIF


Un renouvellement poétique et créatif de la langue


    Fautes d'orthographe destinées à bouleverser l'ordre établi entre les mots : « encré » / « ancré ». Fonction poétique des jeux de mots qui invitent à voir le monde différemment avec un oeil nouveau.

    + écriture phonétique qui met en péril la grammaire : « Doukipudonktan »

    = ne pas limiter les possibilités de la langue et la laisser évoluer.

    Laverdure, capable de penser et de ressentir, il « entrave plus qu'on croit » : il « change de disque », la répétition n'est pas stérile! Il se métamorphose en homme à la fin en fusionnant avec son maître à travers le pronom : « ils s'envolèrent ». La parole donne donc une humanité à l'être. On note également le verbe d'action et de déplacement.

    Finalement, les personnages font bien plus que « causer », ils vivent et remotivent le monde qui les entoure.


Quand dire c'est faire...


    Langage = action, réaction.

    faire rire : le « slip-tise » pour « strip-tease »

    faire réfléchir : Zazie est le chantre du bon sens et rappelle les adultes à l'ordre lorsqu'ils emploient des formules toutes faites : « On va se coucher ? - Qui ça « on » ? ».


Le référent du pronom personnel « on » étant indéfini, Zazie profite de l'occasion pour esquiver l'ordre implicite de son oncle. Elle agit en rebondissant sur les mots et leur signification.

    agir : le film décuple le potentiel frénétique de Zazie (course-poursuite = mélange de provocations orales et d'enjambées sans fin).

Zazie dans le métro

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Sujet de l’épreuve de littérature, série L :

Le corrigé de l’épreuve de littérature série L

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©SACD 1988 Evelyne Levasseur/1959 Gallimard/1989 Canetti/2010 Le livre qui parle

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Année 2013 : Zazie a passé le BAC avec succès !